« Beaucoup trop recurrent pour que ca soit une erreur »
Il est evident que les personnes heterosexuelles et que les hommes queers rencontrent eux aussi des problemes sur les apps de rencontre
Officiellement, il est interdit sur Tinder d’utiliser un meme compte pour plusieurs personnes. « Les comptes ne peuvent pas avoir plusieurs proprietaires, n’en creez pas un avec un ami ou avec votre partenaire », peut-on lire dans les conditions generales d’utilisation de l’app. Mais dans les faits, il existe des centaines de profils de ce genre, representant parfois pres d’un quart des profils apparaissant dans les feeds des lesbiennes.
En plus de la quantite excessive de couples heteros cherchant une lesbienne pour assouvir leurs fantasmes, les femmes queers doivent souvent faire face a un autre probleme : l’algorithme de Tinder. Les utilisatrices lesbiennes de l’app voient en effet regulierement des profils d’hommes cis apparaitre dans leurs feeds.
« C’etait beaucoup trop recurrent pour que ca soit une erreur », se souvient Chloe, qui a une hypothese : « Je sais tres bien que les apps veulent fournir du contenu pour que tu swipes le plus possible ». Le meme probleme est arrive plusieurs fois a Lena. « Quand Tinder me proposait des mecs, c’etait justement quand l’app me disait qu’il n’y avait plus personne a proximite. J’avais l’impression que l’app essayait de me trouver un truc malgre tout. »
Il n’y a pas qu’en France que les lesbiennes doivent swiper a travers des profils d’hommes cis avant de pouvoir tomber sur ceux d’autres femmes. Une journaliste du media americain NBC News avait d’ailleurs consacre un article en 2019 a ce probleme, et constate que la moitie des profils que Tinder lui proposait etait soit des couples heterosexuels, soit des hommes cis. Intriguee, elle s’etait egalement rendu compte que son profil apparaissait dans le feed de ces hommes, sans qu’elle ait choisi cette option dans les reglages de l’application.
Interroge par Numerama, Tinder explique que ce genre d’erreur dans l’algorithme serait du au fait que des « membres pouvaient parfois changer leur genre, de maniere
Aucune des personnes interrogees par Numerama n’a essaye d’entamer la conversation avec
« C’est symptomatique »
Neanmoins, il se degage des interviews que Numerama a menees un sentiment de lassitude, chez les lesbiennes en particulier. « Je trouve ca tres symptomatique », explique Delphine : la communaute lesbienne est habituee a etre mal servie. « C’est la meme chose pour les bars et les boites lesbiennes : meme a Paris, il n’y en a qu’une ou deux. Tu es vite bloquee, alors que pour les gays, il y a tellement de choix ». « C’est rageant de voir qu’il existe autant de trucs pour les hommes gays », confie Lena.
« Les gens ne pensent pas que les lesbiennes sont un assez gros groupe qui rapporterait de l’argent, et comme ca coute cher de creer une app, ils ne le font pas. C’est comme pour les bars et les boites », analyse-t-elle. « Les gens qui font les app ne pensent pas aux lesbiennes ». Toutes les apps de rencontre ont ete fondees par une majorite d’hommes, a part Her, creee par une femme. Et pourtant, Her et Zoe ne marchent pas en France. Pourquoi ? Comment sortir du cercle vicieux qui force les lesbiennes a laisser tomber les apps faites specifiquement pour elles, et a perpetuer le probleme ? Pourquoi n’y a-t-il pas non plus de « Grindr lesbien » ?